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Sociolingüística internacional
Été 2001


Aperçu sur la situation sociolinguistique
en Afrique
, per Marcel Diki-Kidiri
Le multilinguisme est la situation la plus répandue en Afrique, avec environ 1800 langues africaines auxquelles viennent s’ajouter les langues européennes héritées de la colonisation, à savoir : l’anglais, le français, le portugais, l’espagnol, et l’afrikaander (langue africaine d’origine néerlandaise).
Nous présentons ici un survol de ces diverses situations avant de montrer comment l’aménagement linguistique de l’Afrique se fait et peut se faire.
         
  en català in English  
         

Sommaire

1. Les langues européennes d'Afrique
2. Les politiques linguistiques africaines
3. La situation des langues africaines aujourd’hui
4. La pyramide linguistique
5. La modernisation des langues africaines
6. L’utilisation des langues africaines dans des secteurs de modernité
7. Bibliographie

1. Les langues européennes d’Afrique

Ce sont essentiellement les langues issues de la colonisation de l’Afrique du milieu du XVIIIème siècle au milieu du XXème siècle, à savoir : l’anglais, le français, le portugais, l’espagnol, l’italien et l’afrikaans. Au lendemain de l’indépendance, la plupart des pays africains avaient confirmé la situation qui prévalait avant l’indépendance en adoptant comme langue officielle la langue de la puissance colonisatrice.

Ainsi, pour l’anglais on compte 16 pays : Botswana, Gambie, Ghana, Kenya, Lesotho, Liberia, Malawi, Maurice, Namibie, Nigeria, Uganda, République Sud-Africaine, Sierra-Leone, Swaziland, Zambie, Zimbabwe

Pour le français, on compte 17 pays : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Comores, Djibouti, Gabon, Guinée, Madagascar, Mali, Niger, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, République du Congo, Rwanda, Sénégal, Tchad, Togo.

Pour le portugais, on compte 5 pays : Angola, Cap-Vert, Guinée-Bissau, Mozambique, Sao Tome e Principe. Pour l’espagnol : la Guinée Equatorial.

Les autres cas de figure se caractérisent comme suit :

a) Pays ayant officialisé, dès l’indépendance, une autre langue que la langue de la colonisation :

L’Algérie qui a conquis son indépendance par les armes, a tout de suite proclamé l’arabe comme unique langue officielle, même si le français continue d’être largement pratiqué. La Tanzanie proclame le kiswahili comme langue officielle, sans pour autant bannir l’anglais. Enfin, la République Saharaoui Démocratique en reconnaît que l’arabe comme langue officielle, en dépit de son existence contestée.

b) Pays ayant reconnu, dès l’indépendance, d’autres langues officielles ou nationales conjointement à la langue de la colonisation :

En Tunisie comme au Maroc et en Mauritanie, le français et l’arabe sont conjointement langues officielles. L’Egypte, qui n’a jamais été vraiment une colonie anglaise, a toujours gardé l’arabe comme langue officielle. Le Soudan devient indépendant en faisant de l’arabe la langue officielle conjointement à l’anglais. La Somalie, largement musulmane et colonisée alternativement par l’Angleterre et l’Italie, reconnaît trois langues officielles : l’arabe, l’italien et l’anglais. Plus tard, ce pays entreprendra une expérience volontariste d’aménagement linguistique en faveur du somalien.

Le Cameroun qui, peu après son indépendance, réunifiait son territoire dont une partie avait été placée naguère sous tutelle britanique, a proclamé le français et l’anglais comme langues officielles depuis cette réunification. La Guinée qui a conquis son indépendance dans un climat de tension avec la France, élève au statut de langues nationales huit langues du pays, sans pour autant rompre avec le français. La situation linguistique homogène du Burundi et du Rwanda conduit ses deux pays a adopter respectivement le kirundi et le kinyarwanda comme langues officielles à côté du français. Enfin, les Seychelles accèdent à l’indépendance en proclamant l’anglais, le français et le créole comme langues officielles!

A partir de 1965, le Tchad proclame l’arabe et le français comme langues officielles, tandis que le Sénégal accorde le statut de "langues nationales" à six de ses langues africaines, comme en Guinée. En 1970, suite à une révolution politique et culturelle, Madagascar en reconnaît plus que le malgache comme seule langue officielle. Malgré un retour en force du français en 1990, cette disposition légale ne sera pas modifiée. Durant cette même période, la République Démocratique du Congo (qui s’appelait alors "République du Congo") rétablissait comme langues nationales les quatre grandes langues véhiculaires du pays, à savoir : le lingála, le kiswahili, la ciluba et le kikongo. Enfin, en 1991, la République Centrafricaine proclamme le sängö comme langue officielle conjointement au français.

2. Les politiques linguistiques africaines

2. 1. Diversité des politiques linguistiques

De ce qui précède, on peut déjà voir qu’il n’y a pas eu un seul type de politique linguistique en Afrique. L’histoire propre de chaque pays et les conditions sociolinguistiques locales ont souvent pesé sur les décisions ou l’absence de décision en matière de politique linguistique.

Ainsi, si l’Algérie de Ben Bella a proclamé l’arabe comme langue officielle, ce n’est pas seulement pour des raisons démographiques et culturelles, c’est d’abord pour rompre avec la position officielle du français, affirmer son indépendance chèrement conquise. En Guinée de Sékou Touré, la reconnaissance de huit langues guinéennes comme "langues nationales" et leur promotion systématique s’inscrit dans la même logique de rupture avec la France pour cause d’indépendance immédiate exigée et obtenue par Sékou Touré qui s’opposait ainsi au plan de Charles de Gaulle.


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