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Sociolingüística internacional


Aperçu sur la situation sociolinguistique
en Afrique
, per Marcel Diki-Kidiri


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Vernaculaires. Elles sont propres à des populations qui se sont retrouvées divisés par les frontières étatiques. Elles ne sont pas véhiculaires et peu d’entre elles ont un statut spécifique dans au moins un état. Quelques exemples parmi celles-ci:

- le soninke (Mali, Mauritanie, Sénégal : statut spécifique)
- l’ewe-mina (Ghana, Bénin, Togo : statut spécifique)
- le songhay (Mali, Burkina-Faso, Bénin, Niger : statut spécifique)
- le moore (Côte d’Ivoire, Mali, Ghana, Burkina-Faso : statut spécifique)
- le complexe créole (Réunion, Maurice, Seychelles : statut spécifique)
- le tamasheq (Algérie, Mali, Niger : statut spécifique)
- le Gbáyá (Centrafriaue, Cameroun)
- le saar-ngambáy (Centrafrique, Tchad)

3. 2. Langues intra-nationales

Véhiculaires. Elles sont largement répendues sur la totalité ou une partie importante du territoire d’un Etat. Elles ont conquis un statut spécifique. Exemples:

- le sängö (Centrafrique)
- le malgache (Madagascar)
- l’amharique (Ethiopie)
- le shona (Zimbabwe)
- le setswana (Botswana)
- le ciluba (RDC)
- l’ashanti-Fante (Ghana)
- le somali (Somali)

Locales. Elles sont généralement vernaculaires, mais certaines sont des véhiculaires à portée limitée. Certaines d’entre elles ont dans certains pays un statut spécifique (ex. le kabyè au Togo). Toutefois leur usage ne dépasse guère --ou si peu-- la limite des groupes qui les utilisent comme langues maternelles. C’est le cas de la grande majorité des langues africaines. Quelques exemples:

- le kabyè (Togo: statut spécifique)
- le xhosa (Afrique du Sud)
- le zulu (Afrique du Sud)
- le Fanagalo (Afrique du Sud)
- le twi (Ghana)
- le bété (Côte d’Ivoire)
- l’ibo (Nigéria)

Il ressort de cette classification essentiellement utilitaire que ce sont surtout les langues véhiculaires (internationales et intra-nationales) qui se sont le plus imposées comme moyems de communication en expansion. En y ajoutant les langues vernaculaires à statut spécifique, nous obtenons un ensemble de langues que nous qualifierons de "majeures" dans la suite de cet exposé. Elles ont toutes fait l’objet de descriptions scientifiques, sont codifiées et assument un large éventail de fonctions modernes pour lesquelles elles ont acquis un statut spécifique. Toutefois, on ne peut pas dire qu’elles soient toutes également utilisées dans les productions écrites. Le volume global des ouvrages (livres, journaux, et autres) publiés dans ces lamgues est très inégal d’une langue à l’autre et, en général, très en deçà des besoins des populations. Il y a encore là un immense chantier d’aménagement linguistique à construire.

4. La pyramide linguistique

Lorsqu’om prend en considération l’ensemble des langues parlées dans un même pays africain, on retrouve assez géméralement une situation pyramidale que nous schématisons comme suit: une ou deux langues officielles, généralement européennes, occupent le sommet de la pyramide. Elles sont parlées couramment par une minorité instruite, représentant de 4% à 20% de la population, et entre les mains desquelles sont concentrés 80% des pouvoirs politiques, économiques, administratives, religieux et informationnels liés à l’éducation et à la connaissance du monde moderne.

Viennent ensuite les langues africaines majeures, composées essentiellement de langues véhiculaires et vernaculaires à grande diffusion, ayant une importance significative à l’intérieur du territoire du pays, quelle que soit, par ailleurs, leur extension hors de ce territoire. Ces langues majeures sont généralement parlées par la majorité (et parfois la totalité) de la population. Elles ont l’avantage d’être enracinées dans la culture locale, tout en étant suffisamment ouvertes à l’expression de la vie moderne des villes: Généralement, la plupart d'entre elles ne sont pas utilisées pour l’expression et le transfert de connaissances avancées et de technologies de pointe. Il ne s’agit pas là d’une incapacité intrinsèque, mais d’une absence d’usage, les connaissances et technologies en question étant généralement importées de l’extérieur et non produites en interne. Il demeure que les langues africaines majeures sont les meilleurs moyens de diffusion d’informations si l’on veut atteindre le plus grand nombre de gens. C’est pourquoi l’aménagement linguistique prête une attention toute particulière à ces langues.

A la base de la pyramide, se trouvent les langues vernaculaires, lesquelles ne sont généralement pas parlées au-delà de leurs communautés de locuteurs natifs. Elles sont très bien adaptées à l’expression des cultures traditionnelles, et sont de ce fait vues comme l’expression d’une identité ethnique susceptible d’entrer en conflit avec une certaine identité nationale, celle couvrant tout le territoire de l’État. Pourtant, ces langues véhiculent et conservent les fondements culturels de la société africaine d’aujourd’hui, si moderne soit-t-elle. Mais, à cause de leur grand nombre et parfois de leur attachement aux valeurs trip locales, ces langues ne retiennent que l’attention savante des linguistes, sensibles à leur sauvegarde en tant que patrimoine de l’humanité.


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