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Sociolingüística internacional


Aperçu sur la situation sociolinguistique
en Afrique
, per Marcel Diki-Kidiri


CONTINUA


la pyramide linguistique

Dans quelques rares pays comme Madagascar, le Burundi et le Rwanda, il n’y a que deux étages à cette pyramide, car la seule langue autochtone du pays, le malgache, le kirundi et le kinyarwanda respectivement, est à la fois la langue majeure et la langue vernaculaire, et aussi la langue officielle. Toutefois, ce dernier statut, ne fait que les mettre en compétition avec le français qui reste la langue de l’élite dans ces trois pays. Des variantes comme celle-là, on en trouvera plusieurs lorsque l’on présentera plus en détail le cas de chaque pays.

5. La modernisation des langues africaines

Elle consiste à les aménager en les dotant, le cas échéant, de systèmes orthographiques modernes, de terminologies nouvelles dans tous les domaines où le besoin se fait sentir, d’ouvrages pédagogiques pour leur enseignement, et enfin de moyens de traitement informatique afin qu’elles puissent prendre en charge tous les besoins actuels de communication et d’information, ressentis comme nécessaires au développement des peuples qui les parlent.

5. 1. La codification orthographique

Pour la plupart des langues africaines majeures, le passage de l’oral à l’écrit a été la première étape à franchir. Après les descriptions linguistiques savantes, il est indispensable de doter les langues d’une orthographe pratique stable, normée et normalisée. Ce cap a été heureusement franchi grâce, aussi bien aux nombreux travaux des linguistes africanistes, notamment de l’Institut Africain International, qu’aux multiples conférences internationales consacrées à l’harmonisation des alphabets africains, depuis celle de Bamako 1066 qui tenta d’harmoniser les alphabets des langues d’Afrique de l’ouest. Malgré l’enthousiasme que cette première conférence a soulevé, force est de constater, avec le recul, que ses objectifs n’ont pas été atteints, car les différents pays concernés ont continué à préférer leurs propres codifications, souvent divergeantes pour une même langue ou famille de langues. Malgré tout, la conférence de Bamako a marqué les esprits en sensibilisant les politiciens sur la nécessité d’une politique linguistique cohérente pour les langues africaines. Depuis lors, un peu partout, des séminaires nationaux ont été organisés autour de la question de l’harmonisation des alphabets au moins à l’intérieur d’un même pays. Ils ont donné lieu à des alphabets de référence, notamment au Cameroun, au Togo, au Bénin, au Nigéria, au Sénégal, au Mali, en République Démocratique du Congo, et à des alphabets stables pour de nombreuses langues majeures.

Il faut bien noter que plusieurs de ces conférences internationales ont eu lieu à l’initiative de l’Unesco qui est aussi l’un des rares organismes internationaux à proposer une version électronique de l’alphabet africain, l’Alphafrique, dont la diffusion est malheureusement restée confidentielle. De ce fait, le projet de clavier africain, proposé par le Professeur David Dalby, ancien directeur de l’I.A.I., reste toujours d’actualité. On peut donc retenir que la question du passage à l’écrit grâce à une orthographe codifiée et bien pensée, est encore loin d’être résolue pour la grande majorité des langues africaines, même s’il faut aussi souligner que les langues majeures sont toutes écrites et beaucoup mieux dotées que les autres.

5. 2. L’enrichissement terminologique

Comme chacun sait, depuis la colonisation, l’Occident a fait irruption dans l’Histoire des sociétés africaines avec tout une avalanche de réalités nouvelles : modes de vie et de pensée, structure de l’état et du pouvoir , écoles, médecines, monnaies, produits industriels, etc., l’Histoire s’est accélérée et les sociétés africaines d’aujourd’hui sont plus que jamais des sociétés biculturelles eurafricaines. Les langues africaines qui étaient très bien adaptées à l’expression du monde traditionnel se sont retrouvées tout à coup en danger de marginalisation puisque ce sont les langues européennes du colonisateur qui occupent largement le haut de la pyramide. Heureusement qu’au fil des années, les échecs successifs de nombreux plans de développement, pourtant concoctés par des experts, ont peu à peu attiré l’attention des uns et des autres sur l’impérieuse nécessité de recourir aux langues africaines majeures comme moyens de communication des réalités modernes si l’on veut atteindre les populations au raz des villages pour un développement durable. C’est dans cette perspective et à cette fin que, dans le cadre d’une recherche que nous avons conduite depuis quatre années au laboratoire Langage Langues et Cultures d’Afrique Noire (LLACAN) à Paris, nous avons élaboré une théorie culturelle de la terminologie, mieux adaptée aux réalités des pays en développement.

Dans l’espace francophone, l’Agence Intergouvernemental de le Francophonie a créé et/ou soutenu de nombreux programmes et réseaux de coopération linguistique (Rint, Riofil, Rifal, Rilac, Rifm) (1) pour la promotion et l’instrumentalisation du français et des langues partenaires, notamment celles des pays du Sud. C’est dans ce cadre que de nombreux travaux de terminologie ont pu être menés à bien dans douze pays du Sud : Bénin, Burundi, Cameroun, Guinée, Haïti, Madagascar, Mali, Maroc, Niger, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Sénégal. Dans tous ces pays, les travaux de terminologie sont réalisés par des chercheurs nationaux travaillant dans des institutions plubiques locales et sur des langues majeures à statut spécifique dans le pays. La coopération internationale porte sur la formation de ces chercheurs, une aide en équipement informatique et en bibliographies spécialisées pour les institutions, une aide à la publication de leurs travaux, et la recherche de solutions techniques pour leur faciliter l’accès à l’Internet et son utilisation. Le projet le plus récent inscrit au programme du Réseau international francophone d’Aménagement linguistiaue (Rifal) concerne l’implantation de banques de données terminologiques informatisées dans certains pays du Sud pouvant disposer d’un accès permanent et fiable à l’Internet, car ces banques de données doivent pouvoir échanger des données avec d’autre dans le monde.


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