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Sommaire
1.
Introduction
2.
Quelques précédents
3. Le
suivi de la situation linguistique
3. 1
Travaux préparatoires
3.1.1
Session de remue-méninges
3.1.2
Création de deux groupes de travail
3.2
Plan de travail
3.3
Stratégies de diffusion
4.
Conclusion
5.
Bibliographie
1. Introduction
Le 1er octobre
2002, dans le cadre des dernières modifications apportées à la Charte de la langue
française, lOffice québécois de la langue française sest vu confier le
mandat de surveiller lévolution de la situation linguistique au Québec et
den faire rapport au moins tous les cinq ans au ministre, notamment en ce qui a
trait à lusage et au statut de la langue française ainsi quaux attitudes et
aux comportements des différents groupes linguistiques (L.R.Q., c. C-11, a. 160).
Il est à la fois
étonnant et intéressant quun tel mandat se retrouve dans la Charte de la langue
française. En effet, pour les personnes qui ont suivi lévolution de la situation
linguistique au Québec, force est de constater que le suivi organisé de la situation
linguistique au Québec na été vraiment amorcé quau cours des années
90, et ce, bien que les efforts de francisation aient officiellement débuté bien
avant, soit au cours des années 70. Plusieurs recherches ont bien été conduites
auparavant (dans les domaines du travail, des médias et des services; sur les attitudes
des groupes linguistique; et sur la qualité et la maîtrise du français, pour ne nommer
que celles-là) et il y avait beaucoup de données administratives disponibles, mais peu
defforts navaient jusqualors vraiment été faits pour articuler toutes
ces données et poser un diagnostic fiable de la situation linguistique. Au cours des
années 90, cependant, cette préoccupation a vu le jour et a donné lieu à
quelques précédents dont il sera question dans la première partie de ce texte, des
précédents qui allaient dailleurs inspirer le suivi maintenant inscrit dans une
loi. Cette obligation de faire périodiquement rapport de lévolution de la
situation linguistique est aussi très intéressante, car elle assure une certaine
reconnaissance à cette fonction dévaluation de lapplication de la politique
linguistique, elle fournit au gouvernement les moyens de suivre la situation et de réagir
au besoin. La deuxième partie de ce texte traitera donc des travaux réalisés ou à
réaliser dans ce nouveau contexte.
2. Quelques précédents
En 1992, le
Conseil de la langue française, en collaboration avec les autres organismes créés par
la Charte de la langue française (lOffice de la langue française, la Commission de
protection de la langue française et la Commission de toponymie) et le Secrétariat à la
politique linguistique a vraiment commencé à travailler dans cette optique. En effet, la
publication du fascicule Indicateurs de la situation linguistique au Québec en
1992 constituait une première expérience importante dans le domaine au Québec, même si
elle se voulait limitée. La conjoncture économique dalors ne permettant pas de
réaliser de nouvelles collectes de données, il fut plutôt décidé de limiter
lopération aux données existantes, en les rassemblant et en les intégrant autour
de grandes thématiques, pour ainsi proposer une sorte de tableau de bord de la
francisation au Québec. Le fascicule alors publié présente des informations relatives
à la population, à limmigration, à léducation, au travail, aux revenus,
aux communications, à la culture, à la certification des entreprises et des organismes
de lAdministration, à la toponymie. Ce fascicule, il est important de le souligner,
na pas été réédité depuis, mais un certain nombre des indicateurs qui y
étaient présentés ont été mis à jour en 1995 à loccasion du bilan de la
situation linguistique dont il sera question plus loin.
En 1994, la même
équipe a poursuivi le travail amorcé en 1992, en approfondissant la thématique du
travail à laide de soixante et un indicateurs et dune analyse intégrant un
grand nombre de dimensions de la langue de travail alors traitées. Cette analyse a permis
darticuler entre eux les indicateurs disponibles en regard du travail et ainsi de
mieux comprendre laction des facteurs favorables ou défavorables à lusage du
français. Cette publication ne pouvait que préparer et servir à la réalisation
dun bilan plus englobant qui allait bientôt être commandé par le Gouvernement de
lépoque à un Comité interministériel.
Un bilan a en
effet été commandé et réalisé en 1995 et publié en 1996 (Comité
interministériel
, 1996). Depuis 1977, il semblait quoutre des changements
importants survenus dans la législation linguistique (1), la société québécoise faisait face
à de nouveaux besoins alimentés principalement par le contexte démolinguistique,
par la mondialisation de léconomie et par lavènement des nouvelles
technologies de linformation. Ceci devait dès lors amener le comité
interministériel à se pencher sur la situation de la langue française dans un grand
nombre de sphères de la société québécoise. Aussi, le bilan alors réalisé
traite-t-il de la langue du travail, de la francisation des entreprises, de la langue du
commerce et des affaires, de la langue de lAdministration et des organismes
parapublics, de la langue de lenseignement, de la langue de lintégration des
immigrants, de la langue des pratiques culturelles et du français dans la mondialisation
des échanges et de linformation. Il en résulte quun long chemin a été
parcouru depuis 1977 vers un usage normal et habituel de la langue française au Québec.
En effet, on a pu observer une nette progression vers la généralisation de lusage
du français dans différents domaines, notamment la fréquentation de lécole
française par une grande majorité des jeunes immigrants et laccroissement de
lusage du français dans la vie des entreprises. Par ailleurs, il est aussi apparu
quil reste encore du chemin à parcourir pour faire du français, la langue commune
des Québécois.
Une autre
opération denvergure a aussi été menée au cours de lexercice 2000-2001 par
la Commission des États généraux sur la situation et lavenir de la langue
française au Québec. Cette commission avait comme mandat didentifier et
danalyser les principaux facteurs qui influencent la situation et lavenir de
la langue française au Québec, de dégager les perspectives et les priorités
daction pertinentes, de procéder à lexamen des articles de la Charte de la
langue française mis en cause et, enfin, de présenter des recommandations visant à
assurer lusage, le rayonnement et la qualité de la langue française au Québec
(Commission des États généraux
, 2001 : i). Contrairement au Comité
interministériel qui sétait efforcé «de fournir un portrait chiffré des
situations observées, chaque fois que les données étaient disponibles» (Comité
interministériel
, 1996 : 219), cette commission a plutôt choisi, pour
réaliser son mandat, de tenir «des audiences dans toutes les régions du Québec de
même que des audiences nationales», dorganiser «des journées thématiques et un
colloque international sur des sujets précis et névralgiques pour lavenir du
français au Québec» (Commission
, 2001 : i). Il en a dès lors résulté un
bilan de type qualitatif faisant état de progrès considérables accomplis depuis 1977
(ex. : dans les domaines de la langue de lenseignement, de la langue du
commerce et des affaires et de la francisation des entreprises). Par ailleurs, les
commissaires en sont aussi arrivés au constat que cette situation nest pourtant pas
irréversible. Selon eux, «il suffirait de peu pour briser cette cohésion sociale. De
nouvelles pressions, attribuables à une nouvelle situation économique et sociale sur le
plan international qui tend à imposer langlais sur le français, font en sorte que
certains reculs et plafonnements sont maintenant observables au Québec.»
(Commission
, 2001 : 10). En bref, ce constat ne pouvait quinciter le
gouvernement à se donner les moyens de suivre lévolution de la situation
linguistique au Québec et cest ce quil a fait en inscrivant dans la loi 104
(L.Q. 2002, c. 28) cette obligation de surveiller la situation et den faire rapport
au ministre au moins tous les cinq ans.
3.
Le suivi de la situation linguistique
Selon les
dernières modifications apportées à la Charte de la langue française, un nouveau bilan
doit être produit avant octobre 2006, date anniversaire de lentrée en vigueur de
la Loi 104 (L.Q. 2002, c. 28). Comment se préparer à la réalisation dun tel
bilan? Cest la question générale que léquipe de recherche de lOffice
québécois de la langue française sest dabord posée. Et la réponse à
cette question ne coulait pas de source.
Devait-on tout
recommencer à neuf ou tabler sur ce qui était déjà fait? Quelle perspective adoptée?
Qui devait faire quoi? Comment le faire et quand le faire? Avec quels budgets? Comment et
quand diffuser? Ce sont là autant de questions particulières qui ont été mises sur la
table et auxquelles il paraissait important de trouver le plus rapidement possible des
réponses.
En plus, la loi
prévoyait la création dun comité de suivi de la situation linguistique composé
d«un président, choisi parmi les membres de lOffice», dun
«secrétaire, choisi parmi son personnel» et de «trois personnes qui ne sont pas
membres de lOffice ou de son personnel». La loi mentionnait en outre que le Comité
de suivi de la situation linguistique devait compter selon la loi «au moins deux
spécialistes en démographie ou en sociolinguistique» (L.R.Q., c. C-11, a. 165.12).
Dautres questions sajoutaient donc à celles déjà énumérées
précédemment. Qui ferait partie de ce comité? Quel serait le rôle de ce comité et
comment ses membres interagiraient-ils avec léquipe de recherche et les
collaborateurs externes?
Et quel serait le
mandat de ce comité? La loi stipulait que le Comité de suivi de la situation
linguistique soumet «à lOffice, à sa demande ou de leur propre initiative, des
propositions et des avis» (L.R.Q., c. C-11, a. 165.11). Mais comment pouvait-on
interpréter un tel libellé? Léquipe de recherche sest posée la question et
les membres du comité ont aussi fait de même. Cest dailleurs ce qui a amené
ces derniers à définir leur mandat de la façon suivante, soit
a) faire
des propositions à lOffice québécois de la langue française quant au type de
recherches qui pourraient être conduites pour réaliser le suivi de lévolution de
la situation linguistique;
b) émettre des
avis relativement à la qualité scientifique des recherches et des indicateurs réalisés
dans le cadre de ce suivi;
c) émettre
éventuellement à lOQLF des avis et des propositions sur les actions à
entreprendre découlant des recherches.
Enfin,
lampleur du mandat confié par le Législateur amena léquipe de recherche à
réfléchir sur les modalités de la réalisation dun tel bilan. Il apparut
rapidement que le travail ne pouvait uniquement être fait à linterne.
Dailleurs, une leçon à tirer de lexpérience passée était sans contredit
quune telle opération ne pouvait être réalisée sans une collaboration importante
de partenaires (Georgeault, 2003 : 359), ainsi que sans recourir à un comité
scientifique reconnu ou jouant un tel rôle. Aussi, a-t-on fait en sorte dintégrer
dès le départ un certain nombre de partenaires au processus de réalisation de ce suivi
et de travailler de concert avec le Comité de suivi. Il en sera dailleurs question
dans les pages qui suivent.
3.1
Travaux préparatoires
Toutes ces
questions ont ainsi conduit léquipe de recherche de lOffice québécois de la
langue française à rechercher les meilleurs moyens de réaliser le mandat confié. Une
première décision dimportance a donc été de partir des indicateurs déjà
publiés et des bilans déjà réalisés et de soumettre le tout à la consultation
dun groupe dexperts, membres du comité de suivi et autres. Et une autre
décision, et non la moindre, a été de créer deux groupes de travail pour les questions
qui navaient pas formellement été abordées antérieurement, soit la qualité et
la maîtrise du français et les comportements et les attitudes des différents groupes
linguistiques.
3.1.1
Session de remue-méninges
Lidée de
consulter des experts a conduit léquipe de recherche à organiser en novembre 2002
une session de remue-méninges autour des questions suivantes, déjà couvertes par le
bilan de 1996 : langue et population, langue et immigration, langue et enseignement,
langue et travail, langue et informatique, langue et revenu, francisation des milieux de
travail et langue du commerce et des affaires. Les objectifs de cette session avaient
été définis de la façon suivante :
a) orienter
le plus rapidement possible les travaux dans le domaine;
b) obtenir un avis
scientifique de la part des chercheurs intéressés par cette question;
c) hiérarchiser
les travaux nécessaires à la réalisation dun tel suivi;
d) examiner les
moyens à mettre en place pour assurer un meilleur partenariat (autre session, colloques,
stages
).
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