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Le suivi de l'évolution de la situation linguistique au Québec, un projet à agenda connu, par Pierre Bouchard


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En fait, en lien avec les décisions déjà prises, à savoir partir des indicateurs déjà publiés et des bilans déjà réalisés, et pour assurer le bon déroulement de la rencontre, les Indicateurs de la situation linguistique au Québec. Édition 1992; les Indicateurs de la langue du travail au Québec. Édition 1994 et le Rapport du Comité interministériel sur la situation de la langue de travail, 1996 ont constitué le menu principal des travaux de cette session. De là, nous en sommes ainsi arrivés à déterminer les indicateurs à mettre à jour ou à rejeter et les indicateurs à développer (à partir de recherches déjà réalisées et de recherches à réaliser). Outre les critiques apportées, toutes aussi pertinentes les unes que les autres, un grand nombre de propositions ont aussi été faites, qui permettront sans aucun doute de réaliser un bilan plus complet et de qualité scientifique supérieure à ce qui a déjà été fait.

3.1.2 Création de deux groupes de travail

Outre la consultation d’experts à travers une session de remue-méninges, deux groupes de travail constitués de chercheurs d’expérience dans le domaine ou dans des domaines connexes ont aussi été formés pour orienter les travaux en matière de qualité et de maîtrise du français et en matière de comportements et d’attitudes des différents groupes linguistiques.

Les travaux amorcés à la fin de l’automne 2002 devaient être terminés à la fin de mars 2003 pour permettre leur prise en compte dans l’établissement du plan de travail de l’exercice 2003-2004 et dont il sera question plus loin.

Le groupe de travail sur les comportements et les attitudes des différents groupes linguistiques avait reçu le mandat de proposer des orientations quinquennales de recherche en vue d’effectuer un suivi fiable des comportements et attitudes des différents groupes linguistiques au Québec. Il devait, entre autres choses, dégager les axes de recherche à prendre en compte pour donner suite au nouveau mandat confié par la loi et énumérer les pistes de recherches qui pourraient faire partie du prochain programme quinquennal de recherche.

Quant au groupe de travail sur la qualité et la maîtrise du français, il avait reçu un mandat similaire au groupe précédent, soit de proposer une façon d’aborder la qualité et la maîtrise de la langue, qui permette d’effectuer un suivi fiable de l’évolution de ces questions au Québec. Par ailleurs, les objectifs poursuivis par ce dernier groupe différaient de ceux du précédent groupe, étant donné le sujet traité et les positions souvent antagonistes que ce sujet suscite. Aussi, il devait inventorier et documenter les positions relatives à la qualité et à la maîtrise de la langue, dégager les points de convergence entre les différentes positions observées, déterminer la ou les orientations qui devraient être sous-jacentes aux recherches à mener dans ce domaine et énumérer les domaines de recherche qui pourraient faire partie du prochain programme quinquennal de recherche relatif à la qualité et à la maîtrise de la langue.

La présentation des conclusions des travaux de ces deux groupes déborderait sans aucun doute l’objectif poursuivi par cet article. Cependant, il nous importe de dire que les principales conclusions ont pour une part été intégrées au plan de travail de l’exercice 2003-2004 ou le seront dans les prochains exercices et qu’il en sera donc brièvement question au moment de présenter les thématiques retenues.

3.2 Plan de travail

À partir de là, un plan de travail a été élaboré pour l’exercice 2003-2004 avec cet objectif avoué de procéder, dans un premier temps, à la mise à jour des principaux indicateurs déjà publiés pour, par la suite, être mieux en mesure de déterminer les indicateurs à élaborer en vue de compléter le bilan, ceux-ci faisant plutôt partie de plans de travail futurs. En fait, tous les indicateurs présentés aux experts et jugés pertinents ont été inscrits dans le plan de travail du présent exercice, plan de travail qui a d’ailleurs été entériné par le Comité de suivi de la situation linguistique. Cette planification déborde, il va sans dire, les capacités de production de l’équipe de recherche de l’Office; il faut comprendre qu’elle inclut aussi les collaborations sollicitées auprès de différents partenaires qui ont toutes été affirmatives.

Le plan de travail retenu comporte donc dix thématiques différentes, mais de plus ou moins grande envergure, du moins pour ce qui est du présent exercice. En effet, il est fort possible que pour une thématique donnée, il y ait peu d’indicateurs à mettre à jour, mais que dans les prochains plans de travail, il y ait beaucoup de développements à consentir.

La plus grande partie des travaux consentis au cours du présent exercice toucheront évidemment les thématiques langue et population et langue et immigration. La publication récente des données du recensement de 2001 explique en très grande partie l’investissement consenti à ces thématiques. Dans le cas de la thématique langue et population, par exemple, les indicateurs traitant des principales variables démolinguistiques seront mis à jour (langue maternelle, langue parlée à la maison, connaissance du français et de l’anglais, principale langue officielle parlée) et il en sera ainsi de certains phénomènes connexes, tels les transferts linguistiques, la fécondité et les migrations interprovinciales. Cela étant, il va sans dire que d’autres projets d’envergure sont inscrits à l’agenda des autres exercices, que l’on pense, pour ne nommer que ceux-là, à l’évolution du poids des francophones sur certains territoires, à l’impact de l’exogamie, aux comportements linguistiques des ménages.

La thématique langue et immigration intègre à la fois les données du recensement et des données administratives. Dans ce contexte, les principales variables démolinguistiques dont il a précédemment été question feront l’objet d’un traitement particulier et il en sera ainsi de certains phénomènes connexes. Entre autres, la période d’immigration constituera une variable lourde très importante de cette thématique. Quant aux données administratives, elles permettront de jeter un regard différent et sans doute plus fiable sur cette thématique, plus particulièrement les données relatives à la connaissance du français et de l’anglais. À la suite de ces mises à jour, plusieurs autres projets retiendront sans doute l’attention, soit, pour ne nommer que ceux-là, l’immigration résultante ou le phénomène de «rétention», les choix linguistiques des immigrants et les conséquences de leur concentration.

La thématique langue et enseignement couvre un domaine très vaste, puisqu’elle traite de la situation linguistique propre à tous les ordres d’enseignement allant du préscolaire à l’université. En plus d’évaluer l’effet direct de la loi sur la fréquentation des écoles primaires et secondaires en anglais, elle permettra aussi d’estimer combien d’élèves admissibles à l’enseignement en anglais ont plutôt choisi d’étudier en français. Les données relatives à la fréquentation du collégial permettront, pour leur part, d’évaluer combien d’élèves du secondaire changent de langue d’enseignement en passant au collégial, alors que les données relatives à la fréquentation universitaire permettra de relativiser selon les différents groupes linguistiques les taux d’accès aux programmes d’études conduisant à un grade universitaire et les taux d’obtention des grades universitaires. À la suite de ces mises à jour, plusieurs autres projets seront sans doute proposés, que l’on pense au taux d’illettrisme, au taux d’abandon scolaire selon le groupe linguistique et à la langue d’enseignement utilisée en formation continue.

La thématique langue et travail a beaucoup été exploitée au fil des ans. La liste des indicateurs à mettre à jour dans ce domaine est donc très longue, du fait qu’ils renvoient à un grand nombre de données du recensement (population active, profession, secteur d’activité économique, etc.) et à de nombreuses recherches de type diachronique. Et, en plus, le recensement de 2001 a intégré une nouvelle question à son questionnaire «Dans cet emploi, quelle langue cette personne utilisait-elle le plus souvent (régulièrement)», une question qui semble très prometteuse, surtout du fait qu’elle permet de déterminer la langue parlée sur un territoire donné. Outre cela, plusieurs projets de recherche ont aussi été suggérés lors de la session de remue-méninges, des projets qui un jour ou l’autre devront attirer notre attention, plus particulièrement cette proposition à reformuler les questions relatives à la langue de travail pour les adapter aux réalités du marché du travail actuel.

La thématique langue et informatique sera de beaucoup le domaine le moins développé au cours du présent exercice. Elle se limitera à des données d’enquêtes récentes menées dans les petites et moyennes entreprises. Cela étant, il faudra au cours des prochains exercice chercher à développer cette thématique, notamment en déterminant les éléments constitutifs des soi-disant secteurs de haute technologie et en cherchant à expliquer les raisons motivant l’utilisation de l’informatique en anglais.

La thématique langue et revenu ne comporte actuellement que quelques indicateurs à mettre à jour. Il s’agit cependant d’un important domaine à investiguer, que ce soit en se penchant sur les bénéfices liés au bilinguisme et sur ceux liés au trilinguisme, un phénomène appelé à prendre de l’ampleur. Et il sera important de ne pas s’arrêter là pour en venir à étendre ces analyses de type économique à d’autres catégories de travailleurs et même, dans la mesure du possible, aux non-travailleurs.

La thématique langue et culture couvre, pour sa part, le champ très large des pratiques culturelles, soit la presse écrite, la télévision, la radio, l’édition et le cinéma. Il s’agira au cours du présent exercice d’utiliser les données existantes et mettre à jour les différents indicateurs connus pour ensuite commander des recherches permettant une meilleure compréhension des comportements culturels des Québécois en général et des différentes communautés culturelles en particulier.

Le chantier attitudes et comportements des groupes linguistiques doit d’abord miser sur le développement d’une instrumentation de collecte. Aussi, les travaux relatifs à cette thématique seront surtout orientés au cours du présent exercice vers l’élaboration et la validation de questionnaires appropriés en vue de déterminer les questions les plus significatives relatives aux identités, questions qui seront par la suite intégrées à un questionnaire général qui ne sera complètement élaboré qu’après la réalisation de plusieurs sous-projets.

Les travaux du groupe de travail sur la qualité et maîtrise du français ont permis de classer les études sur la langue parlée comme prioritaires. Aussi, les principales études portées dans ce domaine porteront-elles sur la langue orale des lecteurs de nouvelles, ainsi que sur la langue orale des futurs enseignants. Cela étant dit, il est important de mentionner que dans ce domaine, tout est à faire pour vraiment pouvoir évaluer la qualité et la maîtrise du français et que, de ce fait, nous sommes conscients que l’évaluation qui sera faite lors du prochain bilan sera forcément partielle.

3. 3 Stratégies de diffusion

Voilà pour le plan de travail du prochain exercice qui apparaîtra à plus d’un très ambitieux et ce, surtout dans la perspective où nous nous sommes donnés comme objectif de faire connaître nos travaux au fur et à mesure de leurs productions. En effet, il est important d’ajouter en terminant cette présentation que le Comité de suivi de la situation linguistique souhaite ne pas attendre la production du rapport prévu par la loi pour diffuser les indicateurs mis à jour ou nouvellement élaborés, ainsi que les recherches réalisées dans ce contexte, mais de le faire au fur et à mesure à travers la publication de petits fascicules et dans Internet. Mentionnons que le premier fascicule prévu porte sur la thématique langue et population et est prévu pour la fin de l’automne.

4. Conclusion

À partir du plan de travail que nous venons de présenter, il est clair que, pour l’instant, l’orientation retenue par l’OQLF est de mettre à jour un nombre important d’indicateurs et, sûrement, d’en développer plusieurs autres pour ainsi en arriver à un diagnostic le plus complet possible de la situation linguistique au Québec au moment de la production du prochain bilan. Par ailleurs, il est important de mentionner que l’on caresse aussi le projet d’élaborer quelques indicateurs synthétiques. Ce projet, cependant, s’étendra sûrement sur plusieurs mois, voire sur plusieurs années, car il faudra au préalable bien cerner les éléments conceptuels en présence, ainsi que les problèmes méthodologiques sous-jacents à une telle réalisation. Bref, malgré tout l’intérêt que l’on peut porter à ce projet, nous comptons prendre le temps nécessaire à l’élaboration de tels indicateurs et nous assurer de leur fiabilité dans la reddition de compte prévue par la loi.

5. Bibliographie

Comité interministériel sur la situation de la langue française. Le français langue commune. Enjeu de la société québécoise. Québec : Ministère de la Culture et des Communications, 1996.

Commission des états généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec. Le français, une langue pour tout le monde. Une nouvelle approche stratégique et citoyenne. Québec : Commission des états généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec, 2001.

Conseil de la langue française. Indicateurs de la langue du travail au Québec, édition 1994. Québec : Conseil de langue française, 1994.

Conseil de la langue française. Indicateurs de la situation linguistique au Québec, édition 1992. Québec : Conseil de langue française, 1992.

GEORGEAULT, Pierre : «Les indicateurs d’usage du français au Québec. Réflexion sur leur élaboration ». Revue d’aménagement linguistique, no 105, hiver 2003, p. 349-362.

Pierre Bouchard
Chef du Service de la recherche et secrétaire du Comité de suivi de la situation linguistique
Office québécois de la langue française
Pierre.Bouchard@oqlf.gouv.qc.ca
Téléphone : (514) 873-8277


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